Squatteurs : la double peine pour les bailleurs, comment se protéger ?
Publié le 9 mai 2025 à 12h36
En France, la loi protège d’abord l’occupant, même illégal. Résultat : les propriétaires sont souvent impuissants face aux squatteurs. L'histoire récente d’un nonagénaire endetté de 17 000 euros à cause de squatteurs met en lumière une réalité brutale pour tous les bailleurs : l'exposition à de graves préjudices et l’insuffisance réelle des recours actuels.
Point sur les failles et les réflexes pour limiter la casse.

Squatteurs : la double peine pour les bailleurs, comment se protéger ?
Sommaire
- Une crise amplifiée par les blocages réglementaires
- Des conséquences dévastatrices et difficilement assurables
- Réflexes à adopter pour limiter l’exposition
Une crise amplifiée par les blocages réglementaires
De nombreux bailleurs découvrent, parfois trop tard, à quel point leurs marges de manœuvre sont limitées face au squat. L’interdiction de couper l’eau — même si le logement est occupé illégalement — se traduit par un risque d’accumulation de factures faramineuses, comme l’a montré le cas de Poitiers. Si la loi impose cette contrainte pour garantir le respect d’un droit fondamental, elle laisse peu d’alternatives, surtout lorsque les administrations tardent à agir ou se renvoient la responsabilité.
Face à ces situations, la prise en charge des factures par la collectivité est théoriquement prévue dans certains cas, mais demeure très conditionnée. À Poitiers, l’absence d’une procédure administrative jugée conforme a relégué l’intégralité du préjudice sur le propriétaire, imposant une charge disproportionnée à un nonagénaire vivant de revenus modestes. Pourtant, comme le souligne l’avocat Me Hemery, « On ne peut réclamer au propriétaire la consommation d’eau d’un squatteur ».
Des conséquences dévastatrices et difficilement assurables
Au-delà de la facture d’eau, les propriétaires doivent composer avec des dégradations majeures (vols de métaux, démolition d’équipements, etc.), sans garantie de pouvoir récupérer les sommes auprès des squatteurs — souvent insolvables. Peu de contrats d’assurance standards couvrent les préjudices liés au squat.
Résultat : lorsque le logement est laissé vide pour travaux ou vacances, le risque grimpe en flèche et la vigilance doit être maximale.
Réflexes à adopter pour limiter l’exposition
• Sécurisez techniquement le bien (serrures renforcées, alarme, visites régulières) ;
• Vérifiez l’étendue des garanties d’assurance et privilégiez les options couvrant le squat ;
• Prévenez rapidement autorités et mairie à la moindre suspicion d’intrusion ;
• Envisagez une surveillance à distance et signalez l’inoccupation prolongée à la copropriété ou au voisinage.
Dans un climat où la loi protège avant tout l’occupant, même illégal, anticiper et s’informer sur ses recours reste le meilleur allié des propriétaires.