SOMMAIRE
- Cas possible pour bloquer un paiement de loyer
- Procédure pour demander la consignation des loyers
- Conséquences de la consignation des loyers
- Suspension de loyer avec l’exception d’inexécution
- FAQ
Ce qu'il faut retenir
Un locataire ne peut pas bloquer son loyer ; seule une décision du juge peut autoriser une consignation.
Cette mesure est possible uniquement si le logement est indécent (non conforme aux règles de sécurité, insalubre, infesté de nuisibles).
Sans décision judiciaire, suspendre son loyer expose à des risques graves : expulsion, résiliation du bail et condamnation financière.
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Un locataire n'a pas le droit de bloquer ses loyers de sa propre initiative. Une telle décision l’exposerait à une procédure d’expulsion pour impayés et à des pénalités financières. Quand est ce qu'un locataire peut refuser de payer son loyer ? La loi autorise, sur décision du juge, la consignation des loyers sur un compte bloqué lorsque le propriétaire ne respecte pas ses obligations.
Dans quels cas un locataire peut-il bloquer le paiement de son loyer ?
La consignation des loyers est une mesure exceptionnelle, strictement encadrée par le juge, et réservée à des situations précises. Elle suppose un manquement avéré du propriétaire à ses obligations légales, concernant le logement décent.
Logement non conforme aux règles de décence
Le propriétaire est tenu de fournir un logement décent, conformément à la
. Autrement dit, le bien ne doit présenter aucun risque manifeste pour la santé ou la sécurité des occupants, ce qui suppose notamment :- une structure solide et étanche (toiture, murs, planchers) ;
- des installations d’électricité, de gaz, de chauffage et d’eau chaude sécurisées et en état de marche ;
- une ventilation suffisante pour prévenir l’humidité et les moisissures ;
- l’absence de nuisibles ou de parasites (cafards, punaises de lit, rats…).
Si le logement présente des désordres graves, le locataire est tenu de les signaler au propriétaire. Il doit toutefois prouver qu’il a informé le propriétaire, et qu'aucune réparation n'a été engagée.
Le locataire peut également signaler un logement indécent à la mairie ou à l’Agence régionale de santé (ARS). Ces organismes peuvent établir un rapport qui servira de preuve dans la procédure de consignation.
Silence ou refus du bailleur face aux demandes de travaux
Avant de saisir le juge du tribunal compétent, le locataire doit justifier de démarches amiables (mise en demeure, tentative de conciliation…). Ce n’est qu’en cas de refus ou de silence prolongé du bailleur qu’il peut envisager la consignation des loyers.
Avec cette procédure, le locataire continue de payer son loyer chaque mois, mais le verse sur un compte bloqué en attendant la décision du juge.
Quelle est la procédure pour demander la consignation des loyers ?
Un locataire ne peut pas décider seul de suspendre son loyer. La loi impose de suivre des étapes encadrées, sous le contrôle du juge, afin que la consignation soit reconnue comme valable.
1. Mise en demeure adressée au propriétaire
Le locataire doit adresser une mise en demeure au propriétaire, par lettre recommandée avec accusé de réception. Ce courrier doit être précis et circonstancié. Il doit :
- décrire les désordres constatés dans le logement, en précisant leurs conséquences sur les conditions de vie des occupants ;
- lister les travaux nécessaires basés si possible sur des constats, devis ou textes réglementaires ;
- fixer un délai raisonnable pour l’exécution des réparations demandées.
Cette mise en demeure prouve que le bailleur a été sollicité de manière formelle, et mis en demeure d’agir.
2. Faire appel à la Commission départementale de conciliation (CDC)
Avant d’engager une action en justice, le locataire peut saisir la Commission départementale de conciliation (CDC). Elle est compétente pour les litiges entre bailleurs et locataires. Cette démarche est facultative, mais vivement recommandée. Elle est gratuite, rapide et ne nécessite pas l'intervention d'un avocat.
En l’absence de réponse du bailleur ou en cas d’échec de la conciliation, le locataire peut engager la procédure de blocage des loyers.
3. Recours devant le juge des contentieux de la protection
Si aucun accord n’est trouvé, le locataire saisit le juge des contentieux de la protection du tribunal judiciaire dont dépend le logement. Il doit constituer un dossier complet, comprenant les éléments suivants :
- une copie du bail en cours ;
- les échanges écrits avec le bailleur (mise en demeure, relances…) ;
- les preuves des désordres (photos, constats de commissaire de justice, rapports officiels, attestation de l’ARS ou de la mairie…) ;
- des justificatifs prouvant les conséquences sur sa santé ou son confort.
Si les conditions sont réunies, le juge peut autoriser la consignation des loyers à la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Le locataire devra alors verser le montant des loyers sur ce compte bloqué jusqu’à la réalisation des travaux ordonnés.
Lors de l’audience, le bailleur peut contester la demande en prouvant que le logement est conforme ou que les désordres ne relèvent pas de ses obligations.
Quelles sont les conséquences de la consignation des loyers ?
La consignation des loyers ne dispense pas le locataire de son obligation de paiement. Elle modifie uniquement la destination des sommes dues, en les plaçant temporairement sur un compte sécurisé.
Versement du loyer à la Caisse des dépôts et consignation
Dès que le juge autorise la consignation, le locataire doit verser, chaque mois, le loyer à la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Le montant reste identique à celui prévu dans le bail. Il ne s’agit donc pas d’un impayé, mais d’un paiement placé en attente, dans un cadre autorisé par la loi.
Cette mesure protège le locataire contre toute procédure d’expulsion pour loyers impayés.
Cette solution est plus rapide qu’une décision du juge, mais elle reste payante puisque l’huissier facture ses frais. Elle peut être utile lorsque le litige est urgent et que le locataire souhaite prouver sa bonne foi en continuant à régler son loyer. Toutefois, cette démarche n’a pas la même valeur qu’une consignation judiciaire, et le juge pourra toujours être saisi par la suite.
Décision du juge sur les sommes consignées
Après la réalisation des travaux par le propriétaire, le juge décide de l’affectation des loyers consignés :
- intégralement reversés au bailleur si les travaux ont été réalisés dans les délais ;
- partiellement restitués au locataire en cas de gêne importante ;
- réduits ou annulés dans les situations les plus graves.
La décision dépend de la gravité des désordres et du comportement des deux parties. Le juge peut aussi fixer un calendrier de travaux et maintenir la consignation en cas d’inaction du bailleur.
Le locataire n’a pas besoin d’ouvrir lui-même un compte à la Caisse des dépôts et consignations. Une fois la consignation autorisée par le juge, un compte est automatiquement créé. Le greffe ou la CDC communique alors les références bancaires nécessaires pour effectuer les virements. Le locataire doit respecter les modalités indiquées, et conserver l’ensemble des justificatifs de paiement.
Peut-on suspendre son loyer sans décision du juge avec l’exception d’inexécution ?
Certains locataires pensent pouvoir arrêter de payer leur loyer en cas de litige, en invoquant l’exception d’inexécution. En pratique, ce principe juridique est très rarement accepté dans les baux d’habitation.
Des cas rarement admis en location immobilière
Dans le cadre d’une location, les tribunaux n’acceptent l’exception d’inexécution que lorsque le logement est totalement inhabitable.
Voici quelques rares exemples tolérés par la jurisprudence :
- absence totale de chauffage en hiver ;
- effondrement d’un plancher ;
- infiltrations massives présentant un danger électrique.
Un risque d’expulsion pour le locataire
Lorsqu'un locataire cesse de payer son loyer sans décision du juge, il s’expose à de lourdes conséquences, même si le propriétaire est en faute.
Les principales sanctions sont la résiliation du bail, l’expulsion pour loyers impayés et, dans certains cas, le versement de dommages et intérêts au bailleur.
L’ADIL (Agence Départementale pour l’Information sur le Logement) et les associations spécialisées peuvent fournir des conseils gratuits et aider à constituer un dossier efficace de demande de consignation des loyers. Par ailleurs, les avocats assurent un accompagnement juridique sur mesure, et orientent vers la procédure la plus adaptée.
FAQ
Comment consigner son loyer à la Caisse des Dépôts ?
Le locataire ne peut pas déposer les loyers à la Caisse des dépôts et consignations (CDC) de sa propre initiative. Il doit d’abord saisir le juge des contentieux de la protection et obtenir une autorisation formelle de consignation. Une fois la décision rendue, les loyers sont versés sur un compte spécifique ouvert à la CDC.
Quel est le prix pour bloquer un loyer chez un huissier ?
Pour faire constater les désordres dans le logement par un commissaire de justice, les frais varient en général entre 200 € et 400 €, selon la nature et la complexité du constat. Ces frais restent à la charge du locataire, sauf si le juge décide d’en ordonner le remboursement par le bailleur.
Quelles sont les conditions pour bloquer un loyer ?
Le locataire doit justifier d’un manquement grave du propriétaire à ses obligations, notamment en matière de logement décent. Il doit avoir adressé une mise en demeure, tenté une conciliation amiable, puis obtenu l’autorisation du juge. Seule une décision judiciaire permet au locataire de placer ses loyers sous consignation à la CDC.
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Sources
- Legifrance.gouv.fr - Loi n° 89-462 du 6 juillet 1989 tendant à améliorer les rapports locatifs
- Legifrance.gouv.fr - Décret n° 2002-120 du 30 janvier 2002 (caractéristiques du logement décent)
- Legifrance.gouv.fr - Articles 1219 et 1220 du Code civil (exception d’inexécution)
SOMMAIRE
- Cas possible pour bloquer un paiement de loyer
- Procédure pour demander la consignation des loyers
- Conséquences de la consignation des loyers
- Suspension de loyer avec l’exception d’inexécution
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