SOMMAIRE
- Les apports de la jurisprudence
- Les situations où la jurisprudence est en faveur du bailleur
- Les cas où la jurisprudence sanctionne les abus
- Les stratégies tirées de la jurisprudence
- FAQ
Ce qu'il faut retenir
Les tribunaux interprètent la notion de locataire protégé avec souplesse, en tenant compte de la vulnérabilité réelle plutôt que des seuls critères légaux.
La protection s’évalue en principe à la date du congé, mais les juges peuvent tenir compte de changements récents affectant la situation du locataire.
Le bailleur peut donner congé s’il propose un relogement adapté ou prouve la sincérité d’un projet de reprise pour habiter le logement.
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La notion de locataire protégé est au cœur de nombreux litiges locatifs, en particulier lors d’un congé pour reprise ou pour vente. Si la loi fixe des critères précis (âge, ressources et conditions de relogement), c’est souvent la jurisprudence qui en détermine la portée réelle. Les décisions des tribunaux permettent ainsi de mieux comprendre comment ces règles s’appliquent et jusqu’où va la protection du locataire face au droit du bailleur.
Comment la jurisprudence affine-t-elle la définition du locataire protégé ?
Les juges interprètent les conditions d'âge et de ressources avec souplesse
La protection d’un locataire âgé repose sur deux éléments cumulatifs :
- Être âgé de plus de 65 ans à la date d'échéance du bail ;
- Disposer de ressources inférieures aux plafonds fixés par décret.
Toutefois, les tribunaux appliquent ces critères avec une certaine flexibilité. Un dépassement léger du plafond de ressources ne suffit pas à exclure la protection si la situation financière reste fragile, ou si la santé du locataire limite ses possibilités de relogement.
Inversement, la protection peut être écartée lorsqu’un locataire dispose d’un patrimoine conséquent, même avec des revenus modestes. La jurisprudence privilégie ainsi une approche concrète de la vulnérabilité, appréciée dans son ensemble plutôt que par une lecture mécanique des seuils.
La situation du locataire est appréciée à la date de délivrance du congé
L’un des points les plus débattus concerne le moment où s’apprécient les critères de protection du locataire.
Les juges considèrent le plus souvent la situation à la date de délivrance du congé, et non à celle de sa prise d’effet. C’est donc le moment où le bailleur notifie le congé qui sert de référence pour apprécier l’âge et les ressources du locataire.
Cependant, certaines décisions admettent une appréciation plus souple lorsque le changement de situation intervient immédiatement après la délivrance du congé et modifie substantiellement la vulnérabilité du locataire.
La protection n’est pas toujours automatique
Lorsque le logement est occupé par un couple, les tribunaux prennent en compte les ressources et l’âge de l’ensemble du foyer. Si l’un des deux conjoints dépasse les plafonds, la protection peut être écartée.
Les juges vérifient également la réalité de la cohabitation : la protection ne s’applique que si le logement constitue la résidence principale commune. En cas de séparation de fait, d’hébergement temporaire ou de cohabitation de convenance, le locataire perd son statut.
Cette approche empêche les détournements du dispositif, notamment dans les cas où un locataire invoque la présence d’un parent âgé uniquement pour bénéficier de la protection.

Dans quelles situations la jurisprudence reconnaît-elle le droit du bailleur malgré la protection ?
Face à un relogement équivalent
La loi autorise un bailleur à donner congé à un locataire protégé s’il lui propose un relogement correspondant à ses besoins et à ses moyens.
Les tribunaux exigent que le logement de remplacement soit :
- Situé dans un périmètre raisonnable (même commune ou secteur proche) ;
- En bon état ;
- Loué à un montant comparable à celui du logement précédent.
La jurisprudence montre toutefois que les juges n’exigent pas une équivalence parfaite : un appartement légèrement plus petit ou situé un peu plus loin peut être jugé acceptable si la proposition reste sérieuse et adaptée.
Face à un projet de reprise sérieux
Même en présence d’un locataire protégé, le bailleur peut reprendre le logement pour l’habiter lui-même ou y loger un proche. Les juges vérifient alors la sincérité du projet : il faut démontrer une réelle intention d’occupation, et non un simple prétexte pour récupérer le bien.
Les décisions récentes confirment qu’un projet familial cohérent (par exemple loger un enfant étudiant ou un parent âgé) peut justifier la reprise, à condition de respecter la procédure et les délais légaux.
Si le locataire ne remplit plus les conditions
La protection n’est pas acquise définitivement. Si le locataire voit ses revenus augmenter ou si son conjoint décède sans qu’il remplisse lui-même les conditions d’âge et de ressources, il perd le bénéfice du statut.
Plusieurs décisions rappellent que la charge de la preuve peut incomber au bailleur, qui doit produire les éléments justifiant ce changement de situation (attestation fiscale, succession, etc.).
Quand la jurisprudence sanctionne-t-elle les abus ou erreurs des bailleurs ?
Les congés annulés pour relogement insuffisant ou inadapté
Un congé adressé à un locataire protégé est nul si le relogement proposé ne respecte pas les critères légaux.
Les tribunaux annulent régulièrement les congés lorsque le logement proposé est trop éloigné, en mauvais état ou d’un loyer manifestement disproportionné. Cette rigueur vise à éviter les congés de pure forme destinés à contourner la protection.
Les reprises fictives
La reprise du logement pour y habiter impose une occupation effective et durable.
Les juges n’hésitent pas à sanctionner les bailleurs qui, après avoir repris un logement, le relouent rapidement ou le laissent vacant. Ces comportements peuvent entraîner des dommages et intérêts, voire la réintégration du locataire évincé.
Les erreurs de procédure ou de notification
De nombreux congés sont invalidés pour des vices de forme : absence de mention du motif, délai de préavis insuffisant, ou notification mal adressée.
La jurisprudence rappelle qu’un congé à un locataire protégé exige une grande rigueur procédurale : toute erreur rend le congé nul, même si le fondement est légitime.
Quelles stratégies un bailleur peut-il tirer de la jurisprudence récente ?
Vérifier le statut du locataire protégé
Avant d’envisager un congé, il est essentiel de vérifier si le locataire remplit réellement les conditions légales au moment pertinent.
Demander la communication des avis d’imposition ou des justificatifs de situation familiale permet de prévenir tout risque de nullité du congé. Les juges considèrent cette diligence comme une preuve de bonne foi.
Proposer une offre de relogement correcte
Lorsqu’un locataire bénéficie de la protection, la seule manière de reprendre le logement légalement reste la proposition d’un relogement adapté.
La jurisprudence valorise les bailleurs qui prouvent avoir cherché activement un logement équivalent, en contactant des agences ou en mobilisant leur propre parc.
Un dossier complet, documenté et transmis en temps utile constitue souvent la meilleure défense en cas de contestation.
FAQ
Quelle est la nouvelle loi sur les loyers impayés ?
Depuis la loi du 27 juillet 2023, le bailleur doit saisir la CCAPEX (Commission spécialisée de coordination des actions de prévention des expulsions locatives) si la dette représente deux mois de loyers hors charges ou si le locataire a cessé ses paiements durant deux mois consécutifs.
Comment mettre fin au bail d'un locataire protégé ?
Pour résilier le bail d'un locataire protégé, le propriétaire doit lui proposer une solution de relogement, être lui-même âgé de plus de 65 ans ou avoir des revenus inférieurs aux plafonds légaux. Le congé doit respecter le délai de préavis légal.
Pourquoi est-il si difficile d'expulser un locataire mauvais payeur ?
La loi protège les locataires notamment pendant la trêve hivernale. Par ailleurs, les procédures sont longues : commandement de payer, assignation en référé, audience devant le tribunal d'instance, procédure d'expulsion.
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Sources
- Cour de cassation - Cour de cassation - 30 mars 2023, pourvoi n° 22-21.763
- Légifrance - Légifrance - Article 15 III de la loi du 6 juillet 1989
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- Les cas où la jurisprudence sanctionne les abus
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