Qu'est-ce qu'un logement qualifié de bouilloire thermique ?

Une bouilloire thermique est un logement qui accumule excessivement la chaleur durant la période estivale, au point de devenir inconfortable, voire invivable. C’est l’équivalent estival de la "passoire thermique" hivernale, qui, elle, ne retient pas la chaleur. Les logements non isolés cumulent souvent les défauts : passoires en hiver et bouilloires en été.

Plusieurs facteurs favorisent la surchauffe en été :

• Mauvaise isolation : l'isolant employé retient bien la chaleur en hiver mais ne procure aucun confort thermique en été. Le polystyrène expansé ou la laine de verre laisse par exemple la chaleur pénétrer. Le temps peut également avoir eu raison des propriétés isolantes des matériaux ;
• Orientation plein sud et forte exposition au soleil : les logements orientés plein sud et dotés de grandes parois vitrées sans protection solaire sont particulièrement exposés au rayonnement solaire direct, ce qui favorise une montée en température rapide ; 
• Matériaux de construction à faible conductivité thermique : certains matériaux, comme le béton ou la tôle, agissent comme des radiateurs à retardement. Ils emmagasinent la chaleur en journée et la restituent lentement la nuit, empêchant le logement de se rafraîchir ; 
• Manque de ventilation : l'absence de ventilation efficace ou la difficulté à créer un courant d’air nocturne entrave l'évacuation de la chaleur accumulée.

La notion de décence du logement est définie par le décret n°2002-120 du 30 janvier 2002. À l’heure actuelle, un logement est considéré décent s’il remplit cinq critères : 

1. Une surface habitable minimale de 9 m² ;
2. L’absence de risque pour la sécurité et la santé des occupants ;
3. Une performance énergétique minimale (au moins E à l'issue du DPE) ;
4. L’absence de parasites ou de nuisibles ;
5. La présence d’équipements minimum pour les besoins élémentaires.

Actuellement, le confort d’été n’est donc pas explicitement pris en compte pour juger si un logement est décent ou non. Dans les cas extrêmes, seuls les critères du manque de ventilation ou de risque sanitaire pourraient être invoqués pour mettre en cause une bouilloire thermique. Mais cela pourrait bien changer dans un avenir relativement proche.

La lutte contre les passoires thermiques a débuté il y a quelques années. Les logements qui présentent un mauvais classement DPE (Diagnostic de Performance Énergétique) sont progressivement interdits à la location, obligeant les propriétaires à engager des travaux d’amélioration énergétique.

Désormais, l’attention se porte aussi sur les bouilloires thermiques. Plusieurs députés se penchent actuellement sur une proposition de loi transpartisane qui devrait être étudiée à l’automne 2025. L’objectif est de revoir les critères d’évaluation du DPE actuel pour y intégrer la notion de confort d’été. Une future interdiction progressive de location des bouilloires thermiques pourrait donc être envisagée.

Pour anticiper les futures réformes, les propriétaires bailleurs ont tout intérêt à lutter contre la surchauffe en été. Pour ce faire, ils peuvent : 

Réaliser des travaux d'isolation

L'isolation des murs, et surtout de la toiture et des combles, est la solution la plus pérenne. On veillera simplement à choisir un isolant adapté au confort d’été. Le matériau doit avoir un bon "déphasage thermique", c'est-à-dire une grande capacité à retarder la transmission de la chaleur de l’extérieur vers l’intérieur. Dans cette catégorie, les isolants biosourcés (fibre de bois, ouate de cellulose, liège naturel) sont une valeur sûre.

Mettre en place un système de ventilation

Installer une ventilation mécanique contrôlée (VMC) double flux peut aider à renouveler l'air sans laisser entrer la chaleur. Une autre option intéressante est le "free cooling", ou sur-ventilation nocturne. Cette technologie permet de rafraichir naturellement un bâtiment sans avoir à installer des équipements énergivores.